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Prix d’art urbain Pébéo : à la rencontre de Libertad Ballester

16/06/2021

À l’occasion de la 5e édition du Concours International Mixed Media organisé par Pébéo, rencontre avec Libertad Ballester;

Peux-tu te présenter, ainsi que ta pratique artistique ?

J’ai suivi des études d’art à l’université polytechnique de Valence, grâce auxquelles j’ai pu passer six mois en Erasmus à Florence, avant d’entreprendre un master à Valence pour enseigner le dessin. Suite à cela, j’ai entamé une maîtrise en illustration à Grenade que je n’ai pas terminée mais qui m’a permis de commencer à forger le style graphique que j’utilise aujourd’hui. Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé sur des projets liés à l’illustration (livres, posters, pochettes…) mais sur la dernière année, je me suis pas mal concentrée sur l’art urbain. C’est un mode de travail que je trouve très intéressant. J’aime dessiner chez moi, avec ma tablette graphique, mais quand on réalise des fresques il y a tout un travail physique, un échange avec les passants, il faut s’adapter à l’environnement urbain, il y a aussi une certaine forme de liberté de création et d’improvisation. En tout cas moi, c’est comme ça que je le vois. C’est un courant artistique dont j’aime vraiment beaucoup le procédé.

Que souhaites-tu exprimer à travers ton travail ?

Récemment, je me suis aperçue que mes dessins avaient tous un thème commun depuis longtemps : la solitude. Je parle beaucoup de la solitude mais pas forcément de manière négative. J’aborde aussi souvent le thème de la connaissance de soi, et celui de la perte. Si je travaille sur une pièce personnelle, je me laisse porter par ce que je ressens à cet instant précis de ma vie. Dans mes dessins, je parle beaucoup du fait d’être exposé au monde en tant qu’individu, et de la douleur que ce phénomène peut parfois causer. J’ai aussi envie d’évoquer cette idée de reprendre possession de nos émotions, nous autoriser à éprouver des choses sans se censurer. Dessiner des sentiments “négatifs” c’est quelque chose d’assez thérapeutique pour moi, de la même façon que lorsque c’est évoqué dans d’autres créations ou que je lis à ce sujet. L’art qui m’intéresse le plus est celui auquel on s’identifie car il suscite des émotions en nous, c’est justement ça que j’essaie de créer à travers mes œuvres.
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Quelles sont tes sources d’inspiration en tant qu’artiste ?

Comme évoqué à l’instant, les émotions sont ce qui vont m’inspirer quand il s’agit d’exprimer quelque chose. C’est assez large comme inspiration mais c’est réellement présent dans tout ce que je fais. Je parle de ce qui m’émeut. La musique par exemple, est une grande source d’inspiration pour moi. Beaucoup des images que je dessine sont en réalité des images qui se créent dans ma tête lorsque j’écoute de la musique. La musique m’aide à me sentir comprise et j’en ai besoin au quotidien. Je suis également inspirée par la violence et les éléments de la nature : la végétation, les animaux, mais aussi le sexe. Je représente beaucoup les humains à travers les animaux parce que je nous identifie à leur vulnérabilité, avec cette possibilité de détruire et de se faire détruire. Exister et devoir faire avec. Le sexe est un autre aspect très primitif à travers lequel je nous identifie aux animaux et dont je parle souvent. Il y a beaucoup d’éléments qui existent dans le sexe : on peut y parler de violence, d’amour, de solitude, d’amusement… Tout cela est représenté dans mon travail à travers des symboles, même si je ne veux pas être trop poétique ou littérale. J’aime les métaphores et les éléments surréalistes m’aident à représenter les choses plus aisément, mais je ne veux pas non plus parler avec trop de poésie.

Qu’est-ce qui t’a poussée à candidater à ce prix ?

Je connaissais la marque Pébéo car j’avais déjà travaillé avec eux par le passé. J’ai entendu parler de l’appel à candidatures et je trouvais ça intéressant de se lancer, d’autant plus que je n’ai pas encore fait grand chose en dehors de l’Espagne pour le moment. Je pense que c’est une bonne façon de se faire connaître en dehors de son propre milieu. Au-delà de ça, je suis aussi très honorée de pouvoir exposer sur Fluctuart.
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Peux-tu nous parler plus précisément de la pièce présentée dans le cadre du prix ?

L’œuvre que j’ai proposée s’intitule Bad Vibes Only, elle critique le positivisme extrême. Pour moi, devoir sourire peu importe notre état, même lorsqu’on n’en a pas envie, c’est quelque chose de très violent qui nous a été inculqué de bien des façons, en particulier pour les femmes. Pouvoir dire que quelque chose vous agace ou que vous êtes triste sans que cela soit vu d’un mauvais œil, je pense que c’est fondamental pour la santé mentale. Nous autoriser à ressentir les choses et parler de ce qui nous fait souffrir devrait être normal. Tout comme cette idée de comprendre et d’accepter nos émotions, qui a longtemps été “interdit” aux hommes par exemple. En revanche, on a demandé aux femmes d’être sensibles, emphatiques mais tout en restant positives et enjouées.

Quel est ton projet rêvé en tant qu’artiste ?

J’aimerais beaucoup pouvoir vivre de mon art. Je suis plus à l’aise avec le chemin que je prends actuellement et j’aimerais développer ça davantage. J’adorerais partir peindre aux quatre coins du monde et publier plus de livres. Je veux continuer à dessiner, tout en restant fidèle à mon style et à la façon dont j’aborde les choses. Évidemment, je veux aussi apprendre des autres et m’enrichir de points de vue extérieurs. J’aimerais beaucoup pouvoir travailler pour des marques ou des compagnies en lien avec la musique. En résumé, je veux continuer à aller de l’avant et à apprécier ce que je fais !
Plus d’informations sur le compte Instagram de Libertad Ballester.
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